Vat Prasat Banon
Exactement 368 marches à gravir. Non loin de Battambang, sur les berges de la rivière Sangkaè, deux bassins rectangulaires encadrent la longue avenue qui mène au pied du Phnom Banon. Un escalier et une élégante terrasse décorée d’antiques lions de pierre et de têtes de naga ont été aménagés. Les vendeuses de rafraîchissements installées non loin expliquent que “le site est très visité car les trois tours qui s’élèvent fièrement au sommet de la colline font irrésistiblement penser au temple d’Angkor Wat”.
Pendant l’ascension, on aperçoit les traces de l’habillage de blocs de limonite qui couvrait autrefois les pentes de la colline. En haut, des frangipaniers centenaires, le vent frais qui souffle en permanence et la vue sur le paysage rural de la province de Battambang contribuent au charme indéniable des lieux.
Le temple était entouré d’une galerie avec quatre tours d’angles qui ont disparu. Disposées aux points cardinaux, les quatre tours font office de gopura et permettent d’y pénétrer. Les cinq étages de l’imposant sanctuaire central en gré sont richement décorés de sculptures mais les artistes n’ont jamais terminé les fenêtres en trompe-l’œil qui décorent les avant-corps. A l’intérieur sont placés des Bouddhas et une inscription. “Jusqu’en 1993, rappelle le gardien, un canon était installé au sommet. C’est à cette époque troublée que les têtes des apsaras et presque toutes les décorations ont été enlevées au burin.” Il tient aussi à souligner que “pour gravir l’escalier sans incident, il est prudent de demander la permission avec trois baguettes d’encens au Look Ta Dombong Daèk qui habite ici”. Derrière le temple, sous un petit parasol, se trouve la statue de la vieille Tép “qui lui prépare sa nourriture”. “Le temple aurait été construit par un roi à la fin du XIe ou du début du XIIe siècle. Ses gopura et le sanctuaire central correspondaient alors chacun à un lieu précis : la colline, le village, et le marché de Banon ainsi que les pagodes de Banon Kraom et de Banon Loeu.” Le Vat Banon Leu se trouve au sud-est du phnom. Il abrite encore un très vieux vihara qui mérite une visite. “Avant de partir en guerre, le roi venait d’abord prier puis revenait pour remercier de sa victoire. C’était donc un temple pour les guerriers qui s’appelait alors Babon, Ba ‘les hommes’ et Bon ‘faire des vœux’.
Le prasat Banon : son nom a évolué en Banon car Non viendrait de Lear Bomnon qui signifie « remercier pour quelque chose que l’on a demandé en priant ». “Un jour, une des nombreuses femmes du roi donna curieusement naissance à un oeuf qui fut jeté à la mer et flotta jusqu’en Thaïlande. Un enfant en naquit et le couple qui le recueillit l’appela Nén Roong. Entré à la pagode, il étudia si bien qu’il devint très savant et savait même, par sa seule parole, transformer les êtres vivants en pierre. Sa renommée atteignit le Cambodge où le roi chargea son général d’aller le chercher. Avant de partir, le général s’arrêta au temple de Banon pour demander le succès dans son entreprise puis rentra dans une grotte et creusa son chemin jusqu’en Thaïlande où il émergea du sol juste devant Nén Roong. Effrayé par cette apparition soudaine, celui-ci cria ‘Reste-là!’ et transforma ainsi l’infortuné général en statue de pierre. Les soldats retournèrent au Cambodge, sans le bonze ni leur chef, bien trop lourd pour être transporté.” Une piste longe le phnom par le sud et mène à une maison où un gamin vous proposera de visiter les grottes. “La première est appelée Kouhéa Preah Toeuk, ‘la grotte de l’eau sacrée’, car l’eau qui tombe des stalactites guérirait de nombreuses maladies. Le nom de la deuxième, Loeuhaing Beut Meas, ‘la grotte de l’argent caché’, rappelle les mésaventures du vieux Dong qui rêvait d’utiliser l’or de sa riche épouse pour convoler avec une jeune fille. Devinant les desseins de son mari, sa femme cacha l’or dans la grotte.”